La municipalité, en accord avec la Préfecture, a fait le
choix raisonné parce que proportionné à ses capacités d'accueil et de suivi,
d'héberger et d'accompagner une famille de réfugiés originaire de Syrie. Elle a
pris ses responsabilités en sachant pouvoir les remplir, tant auprès de ses
administrés que des bénéficiaires de cet accueil. Faire preuve d'humanité, c'est aussi veiller à
s'en donner les moyens. L'accueil
de migrants ou de réfugiés n'est pas qu'un geste de solidarité ou de générosité,
c'est un acte de responsabilité.
En conséquence, la
mairie a pris soin d'anticiper et d'organiser la venue de cette famille : Martine Calzavara, élue en charge des affaires sociales, a réuni les
associations caritatives pour connaître leurs possibilités d’implication dans cet accueil. Toutes sont partantes. Chacune
d'elles devra faire part de sa contribution (meubles, nourritures,
interprètes etc) pour cette arrivée qui se déroulera dans les semaines
qui viennent dès le feu vert du Haut Commissariat aux Réfugiés de l'ONU.
La municipalité, les associations sollicitées, les quartiers
citoyens, tous prendront part à ce qui
ne doit être ni une charge, ni même un évènement, mais la promesse d'une ressource.
Aider ces réfugiés, c'est un mouvement pour la vie, l'occasion de fédérer nos
compétences à des fins utiles et de valoriser ce que nous avons de meilleur.
Marmande peut être une chance pour cette famille éprouvée par la guerre et
l'exode, or nous oublions trop souvent la chance que nous avons, comme
Marmandais, de vivre dans cette ville. Ce
que nous avons à offrir nous aide aussi à mesurer ce qui nous est donné de vivre au quotidien.
Pour autant, nous ne devons pas oublier les difficultés qu'affrontent
nos concitoyens. Dans la situation actuelle, il est essentiel de veiller à un
équilibre garant du vivre ensemble. Personne n'est mis de côté, il n'y a pas à mettre en concurrence la
protection de nos concitoyens les plus fragiles et la solidarité avec des
réfugiés originaires d'une zone de conflit. C'est un tout.
Marmande doit faire prévaloir, dans cette circonstance, son
souci de justice. La générosité ne se
divise pas. Sans mettre de côté les nécessités sociales de l'heure, elle
saura faire preuve, à son échelle et selon ses moyens, de son aptitude à faire
face à une réalité historique (la
nécessité d'héberger, de soulager et de rendre leur dignité à des exilés, comme ce fut le cas pour
bien d'autres migrants dans notre histoire - espagnols des guerres carlistes au
XIXe siècle et de la guerre civile au siècle suivant, juifs traqués par les
nazis, italiens fuyant la misère et l'extrémisme, vietnamiens, laotiens, cambodgiens au sortir
de la guerre d'Indochine, harkis, pieds-noirs... venus se
réfugier dans un pays qui serait un jour le leur. Le Lot-et-Garonne
est une terre qui, plus que d'autres, a été peuplée par un grand nombre de
migrants depuis deux siècles. Combien, parmi nous, ne sont pas le fruit de
migrations plus fréquemment subies que choisies ? Terre de confluence et de
brassage, notre département y a forgé son identité. Refuser le présent qui nous appelle et nous oblige, c'est nier notre
passé.
Là encore, Marmande peut montrer l'exemple. Par son sens de
l'accueil, par sa mesure, par sa capacité à organiser une action réfléchie et
utile, fédératrice et participative. Rien
n'est jamais facile dans l'accueil de migrants ou de réfugiés, et pas plus pour
eux que pour nous, mais c'est servir la vie et porter une espérance dont
tous, nous avons bien besoin pour surmonter nos propres doutes et nos propres
peurs.
Nous n'avons pas que le devoir d'accueillir cette famille, nous en avons aussi le pouvoir, et c'est cela qui compte.